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Devendra Banhart, The Black Babies

Merrygoroundmagazine.net | by Jerome Olivier

probablement la meilleure nouvelle folk d’Amérique depuis Will Oldham

Quand on écoute The Black Babies pour la première fois, c’est comme si on venait de découvrir un vieil enregistrement de blues enfoui depuis des années sous les terres cramées d’Amérique, le genre de trésor qu’on découvre parfois dans la cabane en ruine du grand père: un mélange de poussière amassée depuis des siècles et une matière incroyablement vivante qui saute à la gueule dès qu’on souffle un peu sur ces chansons à poil dès la naissance. On y entend tout : la guitare sèche qui fait trembler les micros, le quatre pistes qui enregistre les souffles et la musique, et surtout un homme seul avec ses chansons, bouleversantes. On dit un homme, bien que Devendra Banhart chante comme une vieille femme fatiguée, courbée par les maux de la vie. Il faudra pourtant se faire une raison: cette vieille femme n’est autre qu’un jeune homme de 23 ans qui n’a sans doute pas toutes ses dents mais déjà un talent d’écriture immense et l’aide précieuse de Michael Gira, l’homme des Swans qui dirige Young God Records.
Devendra Banhart est né quelque part au Texas avant de partir pour Caracas, puis plus tard de traverser le monde, sans un sous en poche. Il aime Mississippi John Hurt, Karen Dalton ou Fred Neil et joue de la guitare comme s’il était seul au monde. Aujourd’hui à New York, dans un squat libre mais sans air ni fenêtres, Devendra Banhart a écrit sans le savoir l’un des plus beaux disques qu’on ait entendu depuis des lustres, The Black Babies, probablement la meilleure nouvelle folk d’Amérique depuis Will Oldham: huit chansons fauchées qui écorchent la voix et les cordes des guitares, magnifiquement glauques et belles à pleurer. Il suffira d’écouter la force fragile qui habite Bluebird ou Long Song pour s’en convaincre. De gré ou de force, vous y viendrez. Tôt ou tard.
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